ESTorama présente une sélection de projets issus de l’Alliance des écoles d’art et de design du Grand Est. Comment exercer le design dans une région désindustrialisée ? Valoriser les matériaux locaux en expérimentant leurs procédés de mise en forme, appréhender les savoir-faire du territoire, co-concevoir avec la population dans une logique de sur-mesure contextuelle et repenser les modèles économiques.
La scénographie reprend les contours anamorphosés de la Région Grand Est.
Avec Guillaume Jandin et sous la direction de Béatrice Selleron
Les Serres Volantes est une association d’habitants de Bagnolet réunis autour de la réhabilitation d’une friche. Il s’agissait d’accompagner le début des activités par d’une direction artistique, d’une programmation culturelle et d’une coordination. L’association offre des ateliers de permaculture, apiculture, compostage partagé, zéro déchet, fabrication de cerf-volant et d’hôtels à insectes. Des partenariats ont été mis en place avec les centres et associations de quartiers, les établissements scolaires, la médiathèque etc. Une buvette propose des produits artisanaux, bios et locaux (bière MIR, boissons Sylki, La conquête du pain, Inelys cakes ...) à des prix abordables.
Des événements festifs sont organisés :
- Techno-transhumance (concerts techno lors du passage de la transhumance du Grand Paris)
- Plein Air 93 (projections «Fais croquer» et «Mon incroyable 93» en partenariat avec Cinémas 93)
- Sauvages en Ville (conférence Xavier Japiot, performance «Danse avec les chauves-souris» d’Antoine Chaumeil, projection «Les bêtes sauvages»)
- Resto éphémère de l’AJDB (thème circuit court, menu végétarien).
- Fête de l’hiver (marché de Noël éco-responsable)
Le concours a invité les étudiants à concevoir des processus de réemploi des déchets organiques et logistiques de la filière des micro-brasseries urbaines. Il a été imaginé autour de 5 thématiques :
1. Valorisation des résidus organiques en biomatériaux.
2. Prévention en amont à travers de nouveaux systèmes de flux et procédés de fabrication.
3. Upcycling des déchets logistiques inévitables.
4. Prévention en aval en proposant de nouveaux scénarios, contextes et comportements d’usage.
5. Valorisation des déchets organiques au niveau agroalimentaire via le design culinaire ou en alimentation animale.
Un corpus de contenus en ligne était mis à disposition des étudiants (cartographie, études, cycles d’entretiens vidéos avec des éco-designers, serious game etc.). Les étudiants lauréats ont bénéficié d’un workshops de viabilisation et un de prototypage en partenariat avec Woma et Villette Makerz. Leurs réalisations ont été présentées au 104 et à Villette Makerz.
Sur une invitation de ZéBU éco-système
L’étude et la visite d’une quinzaine d’incubateurs artistiques de Detroit, Michigan ont nourri la préfiguration du programme matériel (architecture, agencement de l’espace, mobilier, équipement...) et immatériel (animation, formation, accompagnement, réseau, financement, modèle économique...) de la future Villa Artem. Cet incubateur-accélérateur, situé au sein du campus ARTEM de Nancy, accueillera des jeunes créateurs d’entreprises et d’activités économiques alliant les disciplines de l’ingénierie et de l’art.
L’incubation démarre-t-elle dès le lycée ? Un programme de recherche peut-il être un incubateur ? Un résident peut-il enseigner ? Un laboratoire peut-il être un incubateur ? Un incubateur peut-il se passer de la recherche ? Un tiers-lieu peut-il être un incubateur ? L’incubation peut-elle se faire par les pairs ? Un atelier d’artistes est-il un incubateur ? Un incubateur peut-il en contenir un autre ? Un incubateur peut-il être un opérateur culturel, scientifique, économique, etc. ? Un projet artistique peut-il être un incubateur ? Un réseau peut-il être un incubateur ?
Menée avec Patrick Beaucé et l’agence Akoaki pour l’ENSAD-Nancy
Matières Organiques Très Expressives visant à promouvoir le compostage partagé en milieu urbain. Le mobilier urbain a été conçu à l’issue d’une étude d’usage pour faire paysage. Modulable et transparent, cet îlot exhibe fièrement cette matière précieuse pour déchoir la notion de déchet.
L’îlot ne vit pas tout seul, avant son atterrissage, il faut fédérer et pérenniser des communautés d’usage autour de cette pratique. Des permanences et des ateliers de sensibilisation proposent de créer collectivement un imaginaire réjouissant : apprivoiser les intra-terrestres, observer l’activité bactérienne par caméra thermique, écouter la symphonie du compost, cuisiner sa poubelle, jardiner sans jardin. MOTE repose sur une réappropriation du traitement des résidus organiques par les usagers comme un substrat de lien social.
Cette animation graphique est une proposition utopique de systèmes de production agroalimentaire. Il se caractériserait par une exploitation optimale de vaches de race armoricaine, une race bretonne mixte. Une large part du lait (70%) serait consacrée à la confection de produits laitiers traditionnels, les 30% impropres à la consommation seraient transformés en matières premières (galalithe, fibre textile, minéraux résiduels pour produire des protéines destinées aux sportifs et des additifs pour des poudres de lait maternisé).
Ainsi les contenants réutilisables seraient réalisés en galalithe et le textile de lait servirait à la confection des blouses des employés. L’eau filtrée issue du lactosérum serait recueillie afin d’arroser les pâturages pendant les mois secs. Les vaches seraient ainsi uniquement nourries par leur paysage. Quand elles seraient abattues pour produire de la viande, peau, os et sang seraient utilisés pour générer de nouvelles matières premières (cuir, os, novatéine). Enfin, plutôt que de rejeter dans l’atmosphère le méthane émis par le lisier et le fumier, la laiterie autonome l'utiliserait afin de se fournir en énergie.
Atelier Assise de métier, mené par Cédric Pécheux
Ces dalles d’isolation phonique en cellulose ont été réalisées à partir d’éditions obsolètes (annuaires, encyclopédies, cartes …) amassées par Emmaüs. Elles doivent leur forme à un moule à gaufre, lui aussi déniché parmi les invendus de l’association. La simplicité du processus de fabrication (déchirer le papier, le plonger dans l’eau, mixer, mouler, presser puis sécher) permet de le réaliser sous forme d’atelier avec les compagnons et les clients afin de créer du lien et de les sensibiliser sur le cycle de vie des objets.
En équipe avec Claire Baldeck
Cette contrefaçon de l’Algae des frères Bouroullec poursuit la promesse formelle jusque dans sa matière : l’Algopack®, un biopolymère issu d’algues brunes de Saint-Malo. La plaque est ici découpée au laser tandis que l’original est réalisé en polyamide injecté.
À contre-pied de l’archétype du trophée phallique menant à une autosatisfaction statique, Germe est un objet métastable représentant la gestation d’idées nouvelles. Sa forme instable invite à la manipulation. Accompagnant la réflexion, il canalise les gestes pour libérer la pensée. Le trophée assure donc une fonction mutante de reconnaissance d’une action accomplie puis de stimulation de nouveaux projets.
Projet lauréat du concours du Conseil Général 54 pour les trophées de l’Économie Sociale et Solidaire
Réalisés par le CERFAV
Cette assise est destinée à accompagner le viticulteur champenois lors des vendanges. L’habituel seau sur lequel s’assoient les vendangeurs est dépourvu de confort et se rompt régulièrement sous leur poids. Il s’agissait donc de créer une assise robuste capable de contenir la récolte tout en réduisant les troubles musculo-squelétiques.
Les parois sont cannelées pour renforcer la structure, le fond est bombé pour éviter l’effet ventouse dans la boue. Une galette garnie de mousse assure le confort. L’assise serait conçue en biopolymère issu de déchets viticoles. Sa couleur pourpre serait obtenue grâce au pigment contenu dans la peau de raisin afin de mieux visualiser le seau dans les sillons.
Mise en scène par Michel Didyme, la pièce Divans bouleverse le rapport acteur-spectateur en provoquant une déstabilisante proximité. La scénographie s’inspire de l’omniprésence du textile dans le cabinet de Sigmund Freud. Elle est incarnée sous une forme spectaculaire par un ruban de feutre rouge coulant le long de la galerie Poirel.
L’intimité de la conversation est protégée par les profils asymétriques des structures de contre-plaqué. La position permet le croisement des regards tout en évitant la pesanteur d’un face-à-face.
En équipe avec Claire Baldeck et Hyshien Tan
Mailles est un objet à jouer. La pièce en étoile lie les six tubes. Le module obtenu est un objet ludique et affectif. Son accumulation par enchevêtrement crée un parterre, une maille macroscopique que l’on compose à sa guise et sur laquelle on se prélasse allègrement. Le prototype a été réalisé par La Fabrique en partenariat avec Collégien®.
Distingué par le prix Vitra France
La poignée de porte est souvent l’élément ultime de finition d’un bâtiment. Le béton qui compose celle-ci se joue de l’adage. Sa forme molle contraste avec le brut du matériau. Son moule unique crée une asymétrie de chaque côté de la porte.